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 Sur les bancs de l'Ecole coloniale

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poddichini
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poddichini


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MessageSujet: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 6 Juil 2017 - 17:10

Bonjour à tous,

suite à une rentrée récente, le programme des conditions d'admission à l'Ecole coloniale de 1931, voici mon écrit au sujet du recrutement et de cette école ayant formé les administrateurs coloniaux depuis la fin du XIXème siècle jusqu'à la Décolonisation.


Alors que la conquête des colonies est encore d'actualité, en cette fin du XIXème siècle, alors que l'AOF commence doucement à se former, que le Tonkin, la Cochinchine deviennent français, la République française pense à organiser les premières structures véritables d'une administration dans les colonies.
Mais, qui mettre en poste dans les territoires colonisés ?

D'abord, ce sont des diplomates qui sont nommés dans l'Empire en construction. Souvent issus de bonnes familles, parfois présentes dans les colonies du Premier Empire colonial français : Antilles, Sénégal, Inde. Puis, avec l'accélération de la conquête à partir des années 1860-1870, ce sont des officiers de l'Armée d'Afrique, et des officiers de Marine qui prennent le relais et sont nommés dans les territoires nouvellement acquis, en Afrique, dans la future Indochine. Ils connaissent le terrain, ils connaissent les populations colonisées, leurs besoins. Ils font donc très bien l'affaire. Mais, leur formation est limitée : ce sont des militaires avant tout ; les tâches administratives ne sont pas dans leur domaine de compétence premier.
Parfois, les nominations de fonctionnaires dans les colonies de cette période sont le fait des relations, des bonnes connaissances, mais aussi, et peut-être surtout, du fait des avantages de la fonction : des soldes nettement supérieures aux soldes des fonctionnaires en métropole, des congés réguliers et longs : 3 mois tous les 5 ou 6 ans. Les nominations sont donc inefficaces, les changements d'administrateurs réguliers : les territoires colonisés sont donc assez mal gérés, en ces années 1870-début des années 1880.

Avec la IIIème République naissante, le besoin se fait sentir de former comme il se doit les futurs administrateurs coloniaux. Il faut leur apprendre l'histoire de la colonisation française, l'histoire des populations qu'ils vont côtoyer au quotidien, les paysages, la géologie, les plantes, les ressources qu'ils vont devoir gérer et mettre en valeur. Une nouvelle génération d'administrateurs coloniaux naît donc, tous ou presque républicains : ils ne sont plus forcément issus de bonnes familles. C'est, au contraire, au mérite qu'on va leur permettre de faire carrière aux colonies (grâce, notamment, au système de bourse). Les grandes écoles françaises sont d'abord le lieu de recrutement de ces administrateurs. Parfois, ce sont des politiciens. Mais, il faut une école spécialisée, une école qui serait entièrement dévolue à la formation des commis de l'administration coloniale.
Et puis, sur place comment ne pas faire confiance aux locaux, aux chefs de tribu, aux lettrés, qui connaissent mieux que personne le terrain et ses populations ?
Ainsi, un des premiers Français présents sur le terrain, en l'occurrence en Extrême-Orient, Auguste Pavie (agent des télégraphies en Cochinchine, et explorateur du Mékong), conçoit l'idée de former quelques khmers à l'administration coloniale. Pour cela, il ramène avec lui, à Paris, treize khmers pour leur apprendre la gestion de leur territoire, le Cambodge. L’École cambodgienne est formée ; on est alors en 1885. Paul Dislère en est le premier directeur.

De cette idée naît l'idée plus importante de créer une école qui pourrait former l'ensemble des commis de l'administration coloniale. Ainsi, cette École cambodgienne se transforme et, par décret du 11 janvier 1887 naît l’École coloniale, devenue École nationale de la France d'Outre-mer.
Le décret du 23 novembre 1889 place cette école sous l'autorité du Secrétariat d’État des Colonies. Un député soutient largement cette initiative : Eugène Étienne, député d'Oran, et fondateur du Parti colonial à l'Assemblée nationale.
Avec cette École, la République a enfin un outil solide et spécialisé pour former les administrateurs coloniaux. Auparavant, on envoyait sur le terrain des administrateurs peu préparés à leur fonction, à leur carrière et surtout aux difficultés du terrain comme les maladies. Là, tout un savoir est créé afin de les préparer à leurs tâches, à leurs différentes missions, à la langue locale qu'ils vont rencontrer.

Mais, cette École coloniale est une école où les résultats, le rang, sont très importants pour pouvoir choisir son territoire d'affectation : les premiers du classement peuvent choisir confortablement leur poste, leur lieu. Souvent, ils optent directement pour le poste de rédacteur-stagiaire de l'administration centrale d'une colonie, ce qui trace directement leur carrière vers le cabinet du gouverneur, gouverneur-général, pour espérer cette dernière fonction, la plus haute du système colonial. Les autres, classés plus loin, passent par les postes de commis d'administration, puis, avec persévérance et résultats, peuvent aspirer à voir leur carrière grandir. Certains choisissent même de ne pas aller sur le terrain et préfèrent les bureaux de l'administration centrale à Paris. Les bureaux des Affaires politiques et indigènes sont souvent un point de passage choisi par les administrateurs dans les colonies, afin de mieux se familiariser avec les populations, leur langue, leurs coutumes ; mais aussi faire un peu de renseignement.

Parfois, il arrive encore, à l'apogée de l'Empire, qu'à la tête des territoires les plus importants soient nommés non pas des hommes issus de « Colo », le surnom donné à l’École coloniale, mais des politiciens, qui usent de leurs relations pour obtenir les bonnes affectations. Ainsi, Paul Bert, Paul Doumer, Albert Sarraut sont des exemples de politiciens ayant occupé des postes importants, comme en Indochine (Albert Sarraut occupa le poste de gouverneur général de la Fédération indochinoise, entre 1911 et 1913, puis entre 1916 et 1919). D'autres, par des liens familiaux, parfois proches, trouvent leur place, à l'image d'Antony Klobukowsky, gendre de Paul Bert, devenu gouverneur-général de l'Indochine entre 1908 et 1910.

Autre phénomène marquant : les administrateurs coloniaux bénéficient de longues périodes de congés (avantage de la fonction) : il faut donc remplacer, par le système de l'intérim, les administrateurs coloniaux partis, pour la très grande majorité d'entre eux, en métropole pour profiter de leur repos, ou bien par appel d'une mission. Ces intérimaires sont souvent d'anciens élèves de Colo, qui ont appris le métier à l’École certes, mais aussi sur le terrain : ils sont donc les mieux à même de remplir leur fonction d'intérim, parfois pour une plus longue durée que prévu. Parfois, de nouveaux titulaires du poste sont nommés mais les intérimaires exercent leur fonction à merveille, connaissant mieux le terrain que le nouvel administrateur.


Revenons au sujet, en abordant ce que fut l’École coloniale. Le document présenté est le Programme des conditions d'admission à l’École coloniale, daté de 1931, au moment de l'apogée de l'Empire colonial et de la tenue de cette exposition coloniale internationale, immense succès, avec près de 33 millions de tickets d'entrée vendus, dans le bois de Vincennes. Plus que le programme des conditions d'admission, ce document explique aussi les enseignements délivrés, mais aussi les formes prises par les examens, et les différents emplois, postes que pourront occuper les lauréats aux concours.

L’École coloniale forme ses élèves à plusieurs types de poste :

- les carrières administratives coloniales
- les carrières de la magistrature coloniale (section créée en 1905)
- les carrières administratives des postes spécifiques à l'Afrique du Nord (section créée en 1914 et arrêtée en 1948, quand les élèves de cette section sont désormais formés par la toute jeune Ecole nationale d'Administration)
- les carrières dans le Corps des administrateurs des Services civils de l'Indochine
- les inspecteurs du travail aux Colonies

Les cours débutaient les 1er novembre de chaque année, et les études duraient trois ans.
A la sortie de l’École, les élèves reçus au concours entrent soit dans l'Administration centrale des Colonies, en tant que rédacteurs stagiaires ; soit dans le Corps des Administrateurs des Services civils de l'Indochine, en tant qu'élèves-administrateurs ; soit dans le Corps des Douanes et Régies de l'Indochine, en tant que Contrôleurs stagiaires ; soit, enfin, dans le Corps des Administrateurs coloniaux de l'AOF, l'AEF et Madagascar, en tant qu'élèves-administrateurs. Ce sont, en tout cas, les postes proposés pour la session 1931.

Quelles sont les conditions pour pouvoir entrer à Colo ? Il faut être Français, être âgé de 18 ans, être bachelier, justifier d'une « aptitude physique suffisante ».
Colo est payante, 150 francs par année, avec des coûts supplémentaires pour les élèves désireux d'apprendre l'équitation, l'escrime, et la conduite automobile. Une mesure permet aux étudiants de bénéficier du remboursement complet de leur frais d'étude s'ils justifient de cinq années de carrière aux colonies, et après courrier adressé au Directeur de l’École, Georges Hardy, en 1931. De plus, l'entrée à l'Ecole coloniale fait l'objet d'un examen, mis en place à partir de 1896.

Pour ce qui est de la préparation à la magistrature dans les colonies, les cours durent deux ans, contre trois pour les élèves-administrateurs. Les conditions d'admission à cette section particulière de Colo sont également différentes : il faut être âgé de 21 ans au moins, fournir un acte de naissance, un extrait du casier judiciaire, un certificat de bonne vie et de bonnes mœurs (que l'on retrouve aussi pour les élèves-administrateurs), et là aussi un certificat d'aptitude physique. La réussite au concours de la magistrature coloniale fait obtenir aux lauréats l'équivalent de la licence de droit.

Qui sont les professeurs et les évaluateurs de Colo ? Au quotidien, les professeurs sont souvent d'anciens administrateurs coloniaux, qui sont les plus à même d'enseigner à leurs futurs collègues. Mais on a aussi des universitaires, venant faire des interventions, notamment en histoire, en géographie, en ethnologie. L'Ecole coloniale, devenue Ecole nationale de la France d'Outre-mer par arrêté du ministre des Colonies, Louis Rollin (21 décembre 1934), accueille chaque année près d'une cinquantaine d'enseignants. Quatre chaires furent créées : Langues et civilisation indochinoises, Langues et civilisation africaines, Histoire de la colonisation, et enfin Géographie de la France d'Outre-mer. Les élèves de Colo ont pu en apprendre davantage sur les colonies et leur futur métier au contact d'hommes comme Hubert Lyautey, Pierre Pasquier, Jules Brévié, et autres gouverneurs-généraux et résidents-généraux.
Mais, lors des examens de fin d'école, menant donc aux diplômes, voici la composition des jurys : un membre du Conseil de perfectionnement; le directeur de Colo, un sous-directeur du ministère des Colonies, un inspecteur des Colonies, et un examinateur spécial pour chacune des épreuves d'admissibilité.

Quel est le programme des cours pour les élèves-administrateurs ? Ce programme est assez varié et ne repose pas que sur l'apprentissage du métier même d'administrateur ou de magistrat. Il est beaucoup plus large.
Toute une partie de l'enseignement est basée sur l'Histoire de la colonisation française, depuis le Moyen-Âge jusqu'aux années 1920.
Ensuite, une longue partie de l'enseignement est basée sur la Géographie générale : « la Terre dans l'univers » ; « le globe terrestre dans son état actuel », « l'élément solide », « l'élément liquide », « l'élément gazeux », « les eaux courantes », « les côtes » ; « les minéraux », « les modifications actuelles de la Terre ». Toute une section est consacrée à l'homme : « la population actuelle du globe », « l'homme et la nature ». Une autre section porte sur les grands traits de la géographie économique du globe : « les produits alimentaires », « les textiles », « les combustibles », « les minéraux précieux et les minéraux utiles », « le monde économique actuel ».
Puis, une nouvelle partie porte sur la Géologie : « la Terre », « les temps géologiques ».
Puis, c'est l'Anatomie qui est au programme : « appareil végétatif », « physiologie de la nutrition », « principaux types d'organisation dans le règne végétal » .
Enfin, une dernière partie de l'enseignement est réservée à l'étude de l'Anatomie et de la Physiologie animales et humaines : « squelette humain », « muscles », « système nerveux », « organes des sens », « digestion », « circulation », « absorption », « respiration ». Pour les animaux, on étudie le « type protozoaire », et les « traits fondamentaux des Vertébrés ».
Un mémoire d'étude vient compléter ces cours, mémoire encouragé par Robert Delavignette, directeur de l'Ecole, tout comme les sorties pédagogiques, et les stages en situation coloniale. Pour lui, rien de mieux que le terrain pour apprendre le métier.

Pour les élèves du concours de la magistrature coloniale, le programme est le même, sauf en Histoire, où deux parties sont délivrées : une partie traite de l'Histoire coloniale mondiale jusqu'en 1815, et la seconde de 1815 à nos jours (1931 donc). Dans la première partie sont abordées les colonisations ancienne, portugaise, espagnole, hollandaise, française, anglaise, les autres colonisations étrangères. Dans la seconde partie, on reprend l'étude des colonisations française, anglaise, hollandaise, portugaise, espagnole, et on ajoute les colonisations russe, belge, allemande, italienne, étasunienne et japonaise.

On a donc un programme riche et varié, et qui est donc ouvert à tout ce que l'administrateur colonial, ou le magistrat en terre d'Empire, peuvent côtoyer au quotidien.

Qui furent les directeurs de  Colo ? L’École coloniale (ayant formé plus de 4500 administrateurs, inspecteurs du travail et magistrats au total) fut dirigée par des hommes de valeur, qui eurent, pour certains, des carrières aux colonies. Le premier directeur fut Paul Dislère. Il avait le poste de président du Conseil d'administration de l’École coloniale jusqu'en 1928. Il a permis l'ouverture d'une section africaine dans cette école, alors que celle-ci était d'abord, en 1889, dirigée vers la formation pour l'Indochine (l’École coloniale succède à l’École cambodgienne, comme expliquée dans le lien fourni). Cette section africaine ouvre ses portes en 1892. Dislère obtint également le monopole de la formation des administrateurs coloniaux au sein de Colo. En 1914, c'est la section nord-africaine qui ouvre au sein de Colo (section supprimée en 1948).
En 1926, et cela jusqu'en 1933, c'est Georges Hardy qui succède à Paul Dislère. Hardy était aux colonies, où il occupait, notamment, le poste de Directeur de l'Enseignement de l'Afrique occidentale française. Deux éléments marquent sa présidence à la tête de Colo : d'abord la gratuité donnée, par allocations, aux élèves ; et l'instauration de classes préparatoires avant l'entrée à Colo et le passage de son concours (ces classes préparatoires furent ouvertes dans les grands établissements scolaires parisiens comme le lycée Henri IV, puis elles furent étendues à cinq villes régionales).
A la suite de Georges Hardy, c'est Henri Gourdon qui prit la tête de Colo, entre 1933 et 1937.
A la suite d'Henri Gourdon, c'est Robert Delavignette. C'est le seul des directeurs à avoir exercé le métier d'administrateur des colonies, et donc connaissait très bien le métier. Dès le début il instaura, pour les élèves, un stage outre-mer, d'une durée de huit mois, en cours d'étude, mais que tous ne purent suivre (ce stage fut aussi une possibilité pour Robert Delavignette d'envoyer une soixantaine d'élèves-administrateurs alsaciens à l'abri aux colonies, afin qu'ils évitent l'incorporation dans la Wehrmacht ; on est alors en pleine Seconde Guerre mondiale). Il eut également le mérite de faire fonctionner l'école assez normalement lors du Paris occupé.
Les derniers directeurs de l’École furent Paul Mus, de 1946 à 1950, et Paul Bouteille jusqu'à la fin en 1959. En 1950, le stage de huit mois fut remis sur pied.
François Luchaire eut pour mission, en 1960, de diriger la transition entre l'ENFOM et le nouvel Institut des Hautes Études d'Outre-mer, qui succéda à Colo.

De quels horizons sont issus les élèves de Colo ? La majorité des élèves de Colo sont des hommes métropolitains. Quelques élèves viennent d'Outre-mer, et ils sont très peu nombreux à venir des colonies. Les élèves viennent de partout en France, mais une part plus importante est issue des régions Île-de-France, Rhône-Alpes, Bretagne, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Une plus petite partie vient des régions Auvergne, Corse, Alsace ou Lorraine, alors très représentées dans la sociologie des colons métropolitains aux colonies, dans la fonction privée. Une bonne partie des élèves était issue de familles de fonctionnaires, de commerçants. On comptait aussi des fils de militaires (ils étaient assez nombreux à Colo au début du XXème siècle). Puis, à la fin de la période, on encourage la formation des futurs élites africaines et malgaches (la section indochinoise de l'ENFOM n'existe plus, toute comme celle d'Afrique du Nord, passée sous la direction de l'ENA). Il faut faire la transition vers les indépendances, et accueillir ceux qui seront les dirigeants et présidents africains de demain. Un décret de 1957 vient expliquer cela, disant que près de 70% des élèves de l'ENFOM devaient venir des colonies.

Terminons par l'étude des examens en eux-mêmes : comment sont évalués les élèves de Colo ?
Pour évaluer les candidats à l'administration coloniale, plusieurs épreuves écrites d'admissibilité sont organisées : une composition française prise dans le programme des auteurs et leurs œuvres à connaître, dont le programme est fixé chaque année (pour l'année 1932, les élèves doivent lire Marius-Ary Leblond, Voltaire, Flaubert, Victor Hugo, Defoe, Kipling, Wells, Stevenson, André, Loiseau). Les élèves sont également interrogés sur une composition d'histoire de la colonisation française, une composition de géographie générale. En 1939, une nouvelle matière apparaît au programme des examens : Morale et sociologie. En 1951, le directeur de l'Ecole (Paul Bouteille) rajoute une nouvelle épreuve, s'inspirant de la formation des administrateurs britanniques : interrogation de culture générale. L'objectif n'est pas tant de savoir si l'élève possède des connaissances, mais davantage de voir et d'étudier sa personnalité, voir si elle est faite pour les colonies.
Pour compléter les épreuves écrites, des épreuves orales d'admission sont également organisées : explications en Français et sur les auteurs cités précédemment, explication d'un texte anglais ou allemand, interrogation sur l'histoire de la colonisation française, des interrogations de géographie générale, des interrogations sur la géologie, sur l'anatomie et la physiologie végétales, sur l'anatomie et la physiologie animales. Plus tard, à la fin de la période, on met l'accent sur les langues, celles que l'administrateur devra connaître quelque peu en situation coloniale.
Les épreuves écrites d'admissibilité, pour plus de commodités, ne sont pas organisées qu'à Colo, 2, rue de l'Observatoire à Paris. Elles se déroulent aussi au Havre, à Nantes, Bordeaux, Marseille et dans d'autres villes désignées par arrêté ministériel. Les épreuves orales ont lieu, quant à elles, à Colo à Paris.

Pour les élèves de la section spéciale de la magistrature coloniale, les épreuves sont quelque peu différentes. Les épreuves écrites d'admissibilité portent sur le droit civil, le droit commercial terrestre et maritime, l'économie politique générale. Les épreuves orales d'admission portent sur les mêmes matières, ajoutés à cela le Code pénal, l'histoire de la colonisation française et étrangère, la géographie des colonies françaises.

On le voit donc, les élèves-administrateurs ont une formation très complète, afin d'avoir le plus de connaissances possibles une fois sur le terrain. Leur formation de trois ans une fois accomplie, c'est souvent la découverte de nouveaux paysages, coutumes, traditions qu'ils rencontrent, où il faudra adapter la théorie à la pratique réelle de la fonction d'administrateur colonial : administrer dans les colonies, c'est aussi rendre la Justice, percevoir l'impôt, entretenir de bonnes relations avec les chefferies locales : c'est donc la figure répandue du « broussard ». L’École coloniale était donc une véritable école professionnelle où le savoir était transmis par d'anciens administrateurs coloniaux, forts de leur expérience.

Enfin, il faut savoir que les élèves-administrateurs portaient un uniforme, lors des cérémonies. Cet uniforme est semblable à celui porté par les administrateurs coloniaux : bleu nuit. Les élèves-administrateurs portent la casquette, mais sans les broderies, seulement avec le macaron à croissant et ancre, symbole de l'administration coloniale. Cette tenue est notamment portée lors du traditionnel baptême des promotions, instauré dès 1935. Lors de cette cérémonie, les majors de promotion se transmettent le drapeau de l'ENFOM en faisant un serment : "Nous faisons le serment de consacrer notre vie au service de l'Empire pour la grandeur de la France et le développement de la civilisation". Chaque promotion prend, comme il se doit, le nom d'un parrain. Souvent on choisit un nom prestigieux lié à la colonisation, comme Savorgnan de Brazza, Marchand, Binger.

Sur ce lien, vous trouverez quelques photos, passée et présente, du bâtiment de l’École coloniale :
http://paris1900.lartnouveau.com/paris06/lieux/ecole_nationale_administration.htm  

Sources : sous la direction de MORLAT Pierre : Les grands commis de l'Empire colonial français ; Les Indes savantes ; Paris ; 2010.
              Programme des conditions d'admission à l’École coloniale ; Libraire Vuibert ; Paris ; 1931.
              Enders Armelle. L'école nationale de la France d'Outre-mer et la formation des administrateurs coloniaux. In: Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 40 N°2, Avril-juin 1993. pp. 272-288.



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Poddichini.


Dernière édition par poddichini le Mar 5 Déc 2017 - 20:54, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 7 Juil 2017 - 16:46

Bonjour,
étant un parfait béotien dans le domaine de l'administration coloniale, j'ai beaucoup apprécié cette synthèse qui m'a permis de combler de nombreuses lacunes.
Merci Poddichini.
Cordialement.
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 7 Juil 2017 - 16:50

Bonjour,

merci uchronie pour votre lecture et votre sympathique message. Sur les bancs de l'Ecole coloniale 30243

Poddichini.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 7 Juil 2017 - 19:59

bonjour

post très intéressant et beaux objets présentés Wink

@+, hughes
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 7 Juil 2017 - 20:16

Je vous remercie Hugues.

Poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyLun 10 Juil 2017 - 21:22

Bonsoir Poddichini,

Totalement ignorant du sujet, c'est avec grands remerciements et félicitations que je salue la qualité et l'intérêt de cet article.

Bravo encore Poddichini pour ces sujets coloniaux que j'affectionne particulièrement.
Cordialement
JLUC
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMar 11 Juil 2017 - 8:36

Bonjour JLUC,

et merci beaucoup pour votre sympathique message.  Sur les bancs de l'Ecole coloniale 30243

Poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 14 Juil 2017 - 12:56

bonjour,

merci pour ce partage d'information, très beau post et belles photos.

bonne journée
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 14 Juil 2017 - 15:14

Bonjour,

je vous remercie tavor 18.

Poddichini.
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Mélinda
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 20 Juil 2017 - 15:23

Bonjour bonjour ,

Parfait ! Bravo

Méli
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 20 Juil 2017 - 15:48

Bonjour,

je vous remercie Mélinda.

Poddichini.
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 20 Juil 2017 - 16:08

C'est un sujet méconnu et peu abordé. J'espère donc avoir fait découvrir au plus grand nombre ce que fut Colo.

Poddichini.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 2 Mar 2018 - 15:02

Bonjour à tous,

au gré de mes recherches sur Colo, je suis tombé sur une bien belle photo, qui permet de donner plus de sens et de contenu à mon article. Il s'agit d'une photo d'Auguste Pavie (debout, le troisième en partant de la gauche), en compagnie de quelques Cambodgiens. En effet, cette photo fut prise en 1893, soit six ans après la création de l'Ecole, et huit après la création de L'école cambodgienne. Ces Cambodgiens sur l'image sont des interprètes passés par l'Ecole coloniale; le lien entre Pavie et le Cambodge fut expliqué dans les premiers paragraphes du message initial.

Poddichini.

Sur les bancs de l'Ecole coloniale August10

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Pavie#/media/File:Auguste_Pavie_in_1893.jpg


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AUBRAC
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyVen 2 Mar 2018 - 16:37

Bonjour,

Tout simplement passionnant. Merci pour ces pages qui nous éclairent sur cette histoire coloniale si riche en péripéties et pourtant toujours assez mal connue. L'intérêt et la qualité de la photo de Pavie sont impressionnants. Bien cordialement
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptySam 3 Mar 2018 - 0:31

Bonsoir,

C'est un plaisir AUBRAC. Merci pour votre message.

Cordialement,

Poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptySam 29 Sep 2018 - 14:39

Bonjour à tous,

Afin d'agrémenter ce sujet, voici une rentrée récente, assez intéressante. Il s'agit d'un courrier écrit par le premier directeur de l’École coloniale, Paul Dislère, à Charles Laisant, alors secrétaire du Conseil d'administration de l’École coloniale, le 30 janvier 1909.

A cette date, Colo (le surnom de l’École coloniale), existe depuis 22 ans. Paul Dislère en était le premier directeur.
Né le 1er décembre 1840, dans le Nord de la France, ce Polytechnicien, passé ensuite par l’École du Génie maritime, a d'abord fait carrière dans la Marine. En juillet 1865, il est recommandé auprès du ministère de la Marine afin d'être attaché à la division navale des Antilles, du Golfe du Mexique et de l'Amérique du Nord. Puis, direction Saïgon, pour diriger l'arsenal entre 1868 et 1870. Il rentre en métropole, à Toulon, en juillet 1871. Jusqu'en 1878, il dépend du Conseil des travaux de la Marine, puis est nommé Conseiller d’État en 1881. Par la suite, il prend la tête de la direction des Colonies, au Ministère de la Marine et des Colonies (1882-1883). Entre 1880 et 1886, il écrit le Traité de législation coloniale. En 1889, il est l'auteur du Service militaire aux colonies, venant comme une suite au Traité de législation coloniale.
Et, en 1889, il est nommé directeur, puis président du Conseil d'administration de l’École coloniale. Dans le premier message de ce sujet, il est question de sa présidence. Dans Exposition universelle internationale de 1900 à Paris : Introduction générale (Imprimerie nationale ; Paris ; 1901), il écrit à propos de Colo : « L’École coloniale constitua en France un véritable institut des sciences de la colonisation qui, outre la préparation des futurs fonctionnaires, pourra répandre dans le pays le goût et la connaissance de ces questions si diverses et si complexes ».
Au cours des années 1890, Paul Dislère occupa divers postes. Parmi eux : commissaire du gouvernement dans la discussion du tarif général des Douanes et Directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce ; président de l'Association française pour l'avancement des Sciences. Dans les années 1900, il est président de diverses institutions : commission chargée d'une étude sur la Police des mœurs, président de la sous-commission des Monuments historiques. Il meurt le 7 avril 1928. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur (à la fin de l'année 1869), puis devient officier (1878), commandeur (1887), Grand Officier (1897) et Grand Croix (1911). A ce sujet, je pensais trouver son dossier sur la base de données Leonore, mais je n'ai rien trouvé.
Paul Dislère donna son nom à l'amphithéâtre de l’École coloniale, où étaient organisées les épreuves écrites des concours. En 1895, il avait aussi mis en place la Société des anciens élèves et élèves de l’École coloniale, qui devint en 1945 l'Association des anciens élèves de l'ENFOM. A partir de 1899, un bulletin fut publié par cette société. En page de couverture se trouvait la porte d'entrée de l’École. Il paraissait tous les deux mois, les 1er janvier, 1er mars, 1er mai, 1er juillet, 1er septembre et 1er novembre. Il était, en 1905 en tout cas, adressé gratuitement à tous les membres de la Société. On y trouve des articles, les nouvelles de l’École et des membres de la Société, l'annonce des mariages, les mouvements des personnels.

Le lien suivant mène à une photo-portrait de Paul Dislère : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105010814

Ce courrier est donc écrit à Charles Auguste Alcime Laisant, né le 18 mars 1868 à Brest, dans le Finistère. Ayant effectué ses services militaires de juin 1888 à juin 1891, il fait ensuite carrière dans l'administration centrale des Colonies. Il est élève de l’École coloniale, puis devient commis rédacteur stagiaire le 9 octobre 1893. Puis, il passe de classe en classe : 5ème classe le 9 octobre 1894, 4ème classe le 1er juillet 1896, 3ème classe le 1er septembre 1899, 2ème classe le 1er juillet 1902, enfin 1ère classe le 1er août 1904. Ensuite, il est nommé rédacteur principal de 2ème classe le 1er janvier 1907, puis rédacteur principal de 1ère classe le 1er juin 1909. Il est nommé rédacteur principal de classe exceptionnelle le 7 novembre 1916. Le 1er décembre 1917, il est nommé sous-chef de bureau de 3ème classe. Il sert également, à partir de 1917 à l'office colonial. En 1922, il est en service détaché à l'Agence générale des Colonies.
Il est aussi membre  du conseil d'administration de l’École coloniale, en la qualité de secrétaire (poste occupé au moment de la rédaction de cette lettre), à la fin des années 1900.
Par décision de juin 1909, il a été nommé chevalier de l'ordre du Cambodge. Par décret du 15 janvier 1920, il est élevé au grade de chevalier de la Légion d'honneur. A cette date, il était sous-chef de bureau à l'administration centrale du ministère des Colonies.

Sources :
Olivier AZZOLA, « Une acquisition de la SABIX : Les lettres de Paul Dislère (X1859), source inédite sur l'École et ses élèves sous le Second Empire (1859-1861) », Bulletin de la Sabix, 51 | 2012, 89-109.
Jean CLAUZEL : La France d'Outre-mer (1930-1960), témoignages d'administrateurs et de magistrats ; Khartala ; Paris ; 2003.
Base de données Leonore pour la consultation du dossier de Charles Auguste Alcime Laisant.


Cordialement, Poddichini.

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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyDim 30 Sep 2018 - 22:49

excellent !
bravo . j'adore
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyDim 30 Sep 2018 - 22:53

Bonsoir ,
Un grand merci pour ce sujet très détaillé accompagné de belles photos.
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyDim 30 Sep 2018 - 23:10

Bonsoir labulle et uboot29,

Merci pour vos messages.

Cordialement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyLun 1 Oct 2018 - 17:42

bonsoir Poddichini

bien beau sujet , tres documenté comme toujours , tu fais allusion à Albert Sarrault pour son passage en asie du sud est , il a aussi occupé le poste de gouverneur à Dakar ou , une rue porte toujours son nom

bien amicalement
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyLun 1 Oct 2018 - 18:00

Bonjour,

merci pour votre message.

Amicalement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMer 25 Sep 2019 - 9:39

Bonjour,

je vous ai présenté dans mon premier message le programme des conditions d'admission à l'Ecole coloniale, de 1931. Il semble que ces conditions d'admission, pour ce début de la décennie 1930, découle d'une réforme portant sur le concours d'admission et le plan d'études. C'est le ministre des colonies, Léon Perrier, qui expliqua le pourquoi de cette réforme, dans un rapport au Président de la République, Gaston Doumergue, le 15 avril 1927. Il apparaît que cette réforme fait suite à des entretiens avec les gouverneurs-généraux dans les territoires de l'Empire, amenant à réflechir sur les besoins de formation à l'Ecole coloniale, pour coller davantage avec les réalités du terrain, "les conditions de la vie politique, administrative et économique dans les colonies" pour réprendre les mots du ministre. Cette réforme vise notamment à donner une plus grande part à la culture générale dans les épreuves du concours d'admission. De plus, il apparaissait nécessaire de doter les élèves de l'ecole d'une formation sur le long terme et qui pourrait concerner l'ensemble du territoire métropolitain. Cela a donc amené à réflechir sur la préparation avant l'entrée à l'Ecole coloniale, à la fois à Paris, et en province. Cette préparation est à mettre en lien avec la volonté d'apporter une culture générale plus grande chez les futurs élèves : en effet, il semblait que les formations antérieures étaient trop spécialisées, et amenaient à une élimination d'un nombre de candidats. Avec une formation plus générale, la formation pour l'entrée à Colo pouvait attirer davantage de candidats. De plus, le nombre d'années d'études fut allongé à trois ans, afin "d'éviter à nos élèves le surmenage et de les former sans précipitation à leurs difficiles fonctions". Chaque année ferait l'objet d'un programme bien spécifique, amenant à une progression dans l'acquisition des connaissances : "complément de culture et [...] un commencement d'orientation professionnelle" lors de la première année; "travaux personnels, dirigés par des professeurs et destinés à mûrir l'esprit des élèves, et à leur inspirer le goût de la recherche et de la réflexion, à leur communiquer des habitudes d'ordre et de soin dans l'agencement et l'expression des idées" au cours de la deuxième année (les élèves de Colo devaient rendre un mémoire à l'issue de cette deuxième année); "mise au point des connaissances et [...] la proposition professionnelle proprement dite" au cours de la troisième et dernière année.
Enfin, cette réforme d'avril 1927 vise aussi à donner un enseignement plus proche de ce que rencontrerons les administrateurs en situation dans les territoires de l'Empire : on a donc un volet d'enseignements destinés à former les étudiants sur la vie des populations coloniales, dans le domaine de la géographie, de l'ethnographie, du droit coutumier, de l'histoire indigène; sur la géologie, la météorologie, la botannique, la zoologie, l'agriculture, l'élevage, l'économie agricole des territoires de l'Empire.
Cette réforme visait donc à un allongement de la durée d'études, appuyé par un schéma d'enseignement mêlant à la fois une plus grande culture générale et une plus grande proximité avec la vie au contact des populations et paysages des territoires de l'Empire.

Source : Rapport du ministre des colonies, Léon Perrier, au Président de la République française, Paris, 15 avril 1927, in Bulletin trimestriel de la Sociétés des élèves & des anciens élèves de l'Ecole coloniale, 26ème année, n°100 - juillet 1927.

Cordialement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMer 25 Sep 2019 - 9:50

Bonjour;
merci encore pour ce sujet rare et très intéressant.

Amitiés.
JC
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMer 25 Sep 2019 - 9:53

Bonjour JC,

merci à vous pour votre message.

Cordialement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMer 25 Sep 2019 - 13:06

Ci-dessous, voici la liste des matières des cours généraux des sections administratives, par année.

- première année : éléments de comptabilité commerciale, rédaction administrative, histoire de la colonisation étrangère, géographie des colonies françaises et étrangères, éléments d'ethnographie générale, minéralogie et étude des produits d'origine minérale, éléments de météorologie et exercices pratiques, éléments d'agriculture et de sylviculture coloniales, génie rural et mécanique appliquée aux colonies, psychologie appliquée à la colonisation, droit civil, droit constitutionnel, économie politique, langues anglaise ou allemande, leçons d'équitation et d'escrime.

- deuxième année : régime économique et colonisation française, régime économique et colonisation étrangère, exercices pratiques et comptabilité, travaux personnels en histoire, travaux personnels en géographie, travaux personnels en ethnographie, étude des produits d'origine végétale, zootechnie et élevage colonial, topographie théorique et pratique, exercices pratiques d'hygiène et notions médicales, comptes rendus de lectures en psychologie et morale appliquée à la colonisation, droit administratif, droit criminel, droit commercial, économie et législation industrielles, traductions anglaises ou allemandes, leçons d'équitation et d'escrime.

- troisième année : organisation administrative des colonies françaises, organisation administrative des colonies étrangères, étude des méthodes coloniales françaises et étrangères, comptabilité administrative, science financière, étude des produits d'origine animale, économie agricole coloniale, contrôle des entreprises, littérature et arts coloniaux, devoirs de l'administrateur colonial, droit administratif colonial, leçons d'équitation et d'escrime.


Chaque section possède aussi ses propres cours. Voici, pour commencer, les cours de la section africaine et malgache : histoire indigène de l'Afrique française et de Madagascar (en 3ème année), géographie détaillée de l'Afrique française et de Madagascar (en 3ème année), ethnographie détaillée et droit coutumier de l'Afrique française et de Madagascar (en 3ème année), législation et administration de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie (en 2ème année), de l'Afrique occidentale et équatoriale (en 3ème année), de Madagascar (en 3ème année), droit musulman (en 3ème année), dialectes de l'Afrique occidentale française (en 2ème et 3ème années), langue malgache (en 2ème et 3ème années).
Voici, pour terminer, les cours de la section indochinoise : histoire indigène de l'Indochine et de la Chine (en 3ème année), géographie détaillée de l'Indochine (en 3ème année), ethnographie et droit coutumier de l'Indochine (en 3ème année), législation et administration de l'Indochine (en 2ème et 3ème années), langue annamite (en 2ème et 3ème années), langue cambodgienne (en 2ème et 3ème années).

Source : Programme des cours et règlement des examens de l'école coloniale, 19 avril 1927, in Bulletin trimestriel de la Sociétés des élèves & des anciens élèves de l'Ecole coloniale, 26ème année, n°100 - juillet 1927.

Cordialement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 26 Sep 2019 - 11:53

Bonjour,

Merci pour cette très intéressante page d'histoire, à mon sens fondamentale lorsque l'on veut comprendre la colonisation française et ce qui s'en suivra y compris jusqu'à aujourd'hui dans des pays comme le Vietnam ou le Cambodge.
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poddichini
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 26 Sep 2019 - 12:06

Bonjour,

Merci pour votre message.

Cordialement
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptySam 28 Sep 2019 - 19:18

Bonsoir,

une rentrée qui complète mon sujet : le programme des conditions d'admission à l'Ecole coloniale, de 1930. Il vient donc rejoindre l'exemplaire de 1931 présenté en premier message. Peu de différences dans le texte entre les deux dates, sauf la présence, dans celui de 1930, de deux décrets : le décret instituant à l'Ecole coloniale une section spéciale pour la préparation à la Magistrature coloniale, du 7 avril 1905; le décret créant à l'Ecole coloniale une section spéciale de préparation aux concours pour les carrières administratives de l'Afrique du Nord, du 7 juin 1914.

Cordialement.

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Sur les bancs de l'Ecole coloniale Wp_20479

Sur les bancs de l'Ecole coloniale Wp_20480

Sur les bancs de l'Ecole coloniale Wp_20481

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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMer 2 Oct 2019 - 11:29

Bonjour,

remontons le temps et voyons les conditions d'admission, les formations à l'Ecole coloniale, quelques années après sa création.

Une dépêche ministérielle du ministre des Colonies, Emile Chautemps, en date du 26 mars 1895 précise les éléments liés à l'admission à l'Ecole coloniale.
La section française de l'Ecole coloniale forme à deux types de carrière :
- une carrière dans l'administration coloniale (administration centrale des colonies, magistrature coloniale, corps du commissariat colonial, service des bureaux du secrétariat du gouvernement de la Cochinchine, administration des Affaires indigènes en Cochinchine, personnel des résidences au Cambodge, en Annam et au Tonkin, corps des administrateurs coloniaux et administration pénitentiaire);
- une carrière dans le commerce ou l'agriculture au sein des colonies (l'admission à cette section n'est permise que pour les élèves venus des écoles supérieures de commerce).

Les cours s'étalent sur trois années, à l'exception des licenciés en droit (ayant obtenu cette licence avant leur entrée à l'école), qui font deux ans. Cela est valable pour les carrières dans l'administration coloniale. Pour les élèves cherchant à obtenir une carrière dans le commerce ou l'agriculture aux colonies, les cours durent une année. Cette année est mise à profit pour en apprendre davantage sur la législation aux colonies, la vie aux colonies, les cultures et langues des territoires de l'Empire (empire qui, en 1895, est encore en construction).

En 1895, pour être admis à l'Ecole coloniale, il faut être Français ou naturalisé français, né entre le 1er novembre 1870 et le 31 décembre 1877. Pour s'inscrire à l'école, il est nécessaire de fournir un extrait de son acte de naissance, de son casier judiciaire, un certificat de bonne vie et moeurs, un diplôme de bachelier ou un certificat constatant que les examens ont été passés avec succès, ou un diplôme supérieur ou un certificat d'études délivré par l'école des hautes études commerciales, l'institut commercial de Paris, les écoles supérieures de commerce reconnues par l'Etat. Il faut également fournir un certificat constatant que le candidat est propre au service des colonies (certificat délivré par le conseil supérieur de santé des colonies, une autorité médicale militaire en province ou les conseils de santé institués près des chefs de service des colonies, en province également, ou bien encore le service de santé dans la colonie d'habitation).

Les demandes d'admission à l'école coloniale devaient être effectuées et parvenir à l'école avant le 15 juin, cela afin de permettre à l'école d'effectuer une enquête sur le profil de chaque candidat. Ces candidats étaient ensuite informés par le directeur de l'école (Paul Dislère) dans le dernière semaine d'octobre de leur admission ou non. Puis, chacun, qu'il vienne de métropole ou des colonies, devait prendre ses dispositions pour être arrivé avant le 1er novembre, date du début des cours, faute de quoi l'admission serait annulée (sauf pour raison médicale).

Un concours est organisé pour les licenciés en droit, qui a lieu au cours de la dernière semaine d'octobre. Il comporte plusieurs épreuves : composition écrite sur le droit des gens (3h), composition écrite sur le droit administratif (3h), un examen oral sur l'histoire de France et sur la géographie (15 minutes). Pour être admis, il faut avoir obtenu une moyenne de 13.

Source : Journal officiel de Diégo-Suarez & dépendances - vendredi 5 juillet 1895.

Nous pourrons voir, ultérieurement, les cours suivis par les élèves de Colo au début du XXème siècle.

Cordialement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyMer 2 Oct 2019 - 11:46

Salut Poddi,
super article comme d'habitude...
Bravo!
Cordialement.
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MessageSujet: Re: Sur les bancs de l'Ecole coloniale   Sur les bancs de l'Ecole coloniale Empty

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